Etrange manège à la Part-Dieu. Vingt yuppies encravatés dansent comme Mickael Jackson autour d'une jeune fille habillée en sari. Sous le regard inquiet de son prétendant. Pas la peine d'appeler la police municipale : silence, on tourne un film bollywoodien à Lyon. Action....
Mercredi 14 heures. Le jour en devient presque historique. Jamais le quartier de la Part-Dieu n'aura accueilli autant de types à la moustache aussi bien taillée. Et pour cause. Une trentaine de techniciens indiens s'affaire à la réalisation du nouveau long-métrage intitulé Ich de Prabhu Deva - figure emblématique de Bollywood, ex-chorégraphe star en son pays passé derrière la caméra depuis peu. Prabhu Deva est la traduction de Dieu et autant dire que techniciens et assistants n'ont pas intérêt à moufter.
Trois jours qu'ils sont à Lyon. Trois jours que l'automne s'invite au beau milieu du printemps. Il y a de quoi s'arracher la moustache. Le temps est maussade. L'actrice principale du film हंसीका मोटवानी Hansika Motwani (sacrément belle) a de la fièvre, mal à la gorge et - ce qui n'arrange pas l'histoire - tourne en débardeur. L'acteur principal ஜெயம் ரவி Ravi Jayam (sacrément beau) attend placidement sa scène. A 29 ans, c'est le onzième film de Ravi en six ans de carrière - vous l'avez peut-être déjà vu dans Dham Dhom ? Shamtosh Subramanyam ? Biranmay ? Pour ce film, Ravi est heureux comme tout et nous dit dans un anglais syntaxiquement impeccable mâtiné d'un robuste accent du sud de l'Inde "j'ai joué par le passé dans des films vraiment pas terribles. Là c'est important. Je suis dirigé par Prabhu Deva. Il est considéré comme le meilleur danseur en Inde. Il réalise ici seulement son quatrième film et commence à avoir une sacrée notoriété à Bollywood". Le challenge est de taille. La chorégraphie aussi. Le decorum tout autant. L'équipe a passé douze jours à Paris et s'installe pour neuf jours à Lyon. Une chargée de production nous glisse à l'oreillette que "Paris est une entrée systématique dans un film indien tourné en France. Lyon c'est du jamais-vu malgré les similitudes haussemaniennes des décors". La quarantaine d'Indiens - assistée par une petite dizaine de Français - va enchaîner les scènes cartes postales sur Lyon : aéroport Saint Exupéry, rue Victor Hugo, rue Mercière, place de la République, Vieux Lyon (pour les scènes de cascade en traboule)... Le 25 juin, tout ce petit monde se carapatte en Grèce pour tourner les dernières images du film. Un sacré périple, à en oublier presque la trame narrative qui se joue au jour le jour sur un plateau Bollywoodien.
Ich est une comédie musicale romantique typiquement Indienne. Le personnage principal est d'un naturel blindé. A tel point qu'il passe toutes ses vacances à Paris sans se soucier du prix d'un pass navigo. Un beau gosse qui est du genre à vivre "la vida loca", la vie occidentale vue par les Indiens. Il rencontre à Paris - capitale de l'amour selon les Indiens - une jeune fille pas vraiment enclin à s'adonner au stupre, elle la joue "à l'indienne", croît en l'amour pure et au mariage (et vice-versa). Alors que Ravi croit plus aux lunettes de marque italienne. La jeune fille va devoir remettre le bellâtre dans le droit chemin afin que l'amour triomphe en dansant. Avec la moustache.
Si tout se passe bien, dans six mois le film fera son entrée dans les salles obscures de Pondichéry à Bombay en passant par Calcutta. Mais pour l'instant, le film est en pleine gestation à Lyon qui devient - le temps d'un tournage - la nouvelle capitale française.
source : tribunedelyon.fr
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